THIS IS JUNIOR

Foutaises noires
Parasites.
L’homme se tortille, vascille soudain et se gratte la croupe,
Ses doigts sales parcourent son corps grisé avec frénésie.
C’est avec ces griffures grasses qu’il tente d’évacuer la troupe,
Tout ce petit monde qui groulle sur sa peau flasque. Quelle hérésie!
Poux, puces, morpions, parasites saprophytes et champignons,
Mangent sa vieille peau, piquent son cuir de vache morte et le rongent à sang.
Pourriture du corps, décrépitude des membres rongés jusqu’au trognon,
Comme une vieille pomme que les vers assaillants décomposent en la rongeant.
Furoncles, pustules purulentes, gangrène, peste noire, et choléra,
Tant de cadeaux du monde à cet homme qui le piétinent.
Du pus s’évade de ses yeux voilés et bientot de sa bouche la bave épaisse coulera,
Bien qu’il crache dans ses plaies béantes et suintantes pour éradiquer la vermine.
C’est sous ses poils longs qu’il fait chaud et humide et que ça sent le sexe,
Le paradis des morpions sanguinaires qui aiment humer les sécressions.
C’est sous ses bras et dans les plis mouillés de son ventre qui depuis toujours le vexent,
Que se multiplient et se disséminent sans relâche les plaques de champignons.
Le voila puni d’être un jour venu au monde cet homme habité,
Le voila surpeuplé et grouillant d’une vie qui vole doucement la sienne.
Peut-il encore seulement prétendre au titre d’animal déshabillé,
Ou doit–il se contenter d’être un buffet mouvant pour un festin noir? Qu’ils viennent!
Carmen.
Je regarde vers ma Mer Morte,
De tendres vagues s’en dégagent,
Je sombre forte et nage, elle m’encourage.
Je plonge dans ma Mer Rouge,
Je flotte, elle bouge.
Le sang foule sur ses hanches,
Coule de ses veines qu’on tranche, vidée,
Elle part si blanche,
Prète a l’ultime traversée d’une Manche déchaînée.
Que me veut-elle ma Mer Noire?
N’a-t-elle pas compris ma force,
J’ai tout pouvoir!
Elle peut faire pleuvoir,
Elle peut m’en vouloir.
Elle peut m’ensevelir de mots atroces.
Moi je l’aime si fort ma Mer du Nord,
Qu’elle peut mourrir je l’aime encore,
Et vive sa mort.
Cancer.
Assise sur sa chaise la tête basse, couve en elle son enfant mauvais,
La femme malade sent son malheur se développer en elle avec ampleur.
Elle réchauffe le monstre noir et le nourrit de sa chaire et de son désespoir épais,
La femme pleure de son tragique dessin, crie à qui voudra bien avaler sa tumeur.
Le monstre rit de la malheureuse condamnée et la pique de douleurs féroces,
habite dans son foie, son cerveau et bientôt son coeur de mère trop jeune, de reine.
Jamais ne verra fleurir sa progéniture désirée, jadis protégée de toutes ses forces,
La mère est veuve d’elle même, défunte endeuillée de sa future absence malsaine.
Pendant qu’elle se morfond sur ce siège de pauvre qui lui survivra,
La femme sombre laisse le monstre tuméfier ses parties les plus intimes.
Bientôt même son anus suintera la mort bien plus que la merde déjà,
Et que ses entrailles qui pourissent et font baver les mouches du fond de ses abîmes.
Même le démon, le diable et le malin tremblent devant cette masse noire engloutissante,
Même les dictateurs, les tortionnaires et les tyrans génocidaires craignent son silence.
La femme morte pourrit dans un univers malodorant , dans une terre évicérée et béante,
Et c’est par son humus offert que poussera la nourriture de ses anciennes naissances.
La tumeur qui ne meurt jamais est déjà dormante dans le corps des garçons sages,
Elle est déjà tenue bien chaude dans le sang gouteux et pur des petites blondes,
A l’affut du moment propice à l’avènement glorieux et funeste de son carnage,
Le cancer sage qui gronde est roi du monde.
Le meurtre.
Le bourreau se sauve en silence de cette forêt morne et dense,
Il laisse derrière lui le corps démembré de l’enfant déchu et vidé.
Quelques heures plus tôt volé à son insouciance,
L’enfant sera désormais crucifié pour sa mère au même titre que dieu ressuscité.
Ce petit être fragile ainsi déchiré fendrait le coeur du plus téméraire des bouchers,
Fera vomir ses intestins au plus vulgaire des chirurgiens.
La découpe est violente et pleine d’assurance, sure et nette , c’est bien tranché,
Elle nous dévoile toute l’horreur de ce monstre impudique et inhumain.
Aristocrate encravaté.
Aristocrate encravaté qui boit du thé,
Soir venu, baise sa secrétaire par l’anus,
Nuits entamées, embrasse sa femme et se laisse sucer.
L’homme nu enfile veste et pantalon trop long,
Voyage d’affaire prétexté, il ne reste plus qu’à payer,
La douce blonde aux seins plastifiés qui lui palpe le jong.
L’homme crie, frappe et mord, jouit et frappe encore, le matelas bouge si vite.
Matin venu la salope est remerciée sans égard ni considération,
L’homme remonte enfin son petit caleçon rouge et admire fièrement sa bite.
La putain étant maligne et en avait besoin,
Elle s’est joué de cet idiot euphorique et est partie bien vite,
C’est avec son butin : portefeuille plein à la main, qu’elle s’en va fort loin.
Aristocrate encravaté dépouillé, humilié et grognon,
Boit du Bourbon accoudé au bar en caleçon plein,
Car la pute n’a pas vidé la poche du grodin.
Elle a embarqué tout le pantalon.
Le suicideur.
Pouvez-vous m’aider?
Passants, curieux, cyniques, pauvres lecteurs de mon cri étouffé, ayez pitié de cette misère fourbe qui est mienne depuis ma première bouffée d’oxygène.
Il ne faudra que quelques secondes seulement, pour mettre fin au long déchirement de mon âme d’enfant.
Inconnu, de grâce détrône la grande Rita, deviens le Saint de ma cause perdue.
Ainsi tu seras mon dieu d’emprunt, le seul, le vrai à mes yeux, celui de la délivrance et de l’espoir.
Chaque nuit, imagine l’enfant trop petit pour mon corps gras et bouffi, celui qui pleure sous mes couvertures. Celui qu’on écartelle sans relâche entre le rêve et le cauchemar et qui a peur du noir.
Ça ira mieux plus tard disaient les gens. Tu verras, quand tu seras grand, ce sera diffèrent.
C’est diffèrent.
Au bout du couloir tout noir et terrifiant, il n’y a a plus la chambre des parents. Ce refuge inaccessible pour le pire des monstres et le plus sadique des tyrans à bel et bien disparu, il y a déja lontemps. Il est mort à jamais ce havre de paix réconfortant par sa chaleur et son amour.
Quand l’enfant pleure, il pleure seul. Il a appris. Il est grand et fort et seul et triste et plein d’autres choses aussi.
Heureusement, il ne mouille pas son lit. Il ne l’a jamais fait, il pleure juste abondamment en dormant.
L’enfant pense que la mort est la certitude réconfortante en ce monde.
Pitié, passant, inconnu, curieux, pauvre lecteur de ma petite douleur, Toi qui est mon Saint, mon Dieu vénéré, prends possession de ton pouvoir suprême de vie et de mort.
En tout bon chevalier, je te laisse le choix des armes. Couteau, scie, hache, arme à feu, poison ou objet contondant, ton choix sera le mien.
Ma vie appartient désormais au plus offrant. Promets-moi de me donner la mort rapidement et tu seras celui que je choisis comme l’ultime bourreau dans mon dernier cauchemar d’enfant.
La peur du fou.
La peur du fou est infinie.
Elle se glisse entre ses mains moites, au plus profond de ses ongles sales et gras.
La peur du fou le pénètre par la bouche ou par l’anus, elle le visite, le ronge et le dévore de l’intèrieur.
Organe après organe, rêve après rêve, espoir après espoir, rien ne persiste au passage de la peur.
Le fou le sait.
Il pleure.
Le fou se tord de douleur.
Y a-t-il crainte plus insidieuse que celle qu’on ne comprend pas?
Y a-t-il plus douloureux que la peur sans origine nommée?
Le fou dit non!
Il s’insurge!
Il gronde, tel le tonnerre et les coups de bâton de sa propre mère.
Crève, fou!
Sombre, fou!
La peur, elle, aura raison de ton semblant de raison malsaine.